Beyrouth – Un calme précaire s’est installé en Syrie, ce jeudi, après la promesse tenue d’un cessez-le-feu entre le gouvernement syrien et les rebelles, entré en vigueur à l’aube, explique un membre de l’ONU.
Le « calme est partout« , a déclaré Rami Abdelrahman de l’Observatoire anglo-syrien pour la défense des droits de l’homme, qui surveille les rapports de violence quotidiennement. « Nous n’avons pas relevé de tir ou de bombardement dans toute la Syrie, aujourd’hui. »
Syrie : Après les bombardements, le calme précaire
Depuis la mise en place du cessez-le-feu de ce matin, 6h, les autorités constatent qu’il n’y a pas eu de nouveaux bombardements et tirs. En effet, les derniers ayant été relevés étant un bombardement contre la banlieue de Damas (Zabadani) et une coque qui a atterri dans une zone rurale montagneuse de Hama, mais depuis le cessez-le-feu, le calme semble être revenu. Une première depuis des mois. Pas de rapports de décès ou de blessures, dès lors, le pays espère, a envie de croire que le plan de paix proposé par les Nations Unies et la Ligue Arabe à M. Kofi Annan peut aider à mettre fin aux effusions de sang dans le pays et ouvrir la voie à un règlement négocié depuis le soulèvement.
Pour le moment, le gouvernement syrien a annoncé qu’il jouerait le jeu et arrêterai de se battre pour respecter le cessez-le-feu. Toutefois, dans un communiqué de presse, le ministère syrien de la Défense a ajouté, mercredi, que la Syrie se réservait le droit de riposter contre les attaques de « groupes terroristes armés« , jetant ainsi un doute sur la promesse de mettre un terme à la violence, aux termes de l’accord de cessez-le-feu.
La Maison Blanche, quant à elle, a mis en garde le gouvernement Syrien, mais les militants restent sceptiques à un respect total et une prolongation du cessez-le-feu devait durer. Et pour cause, le gouvernement syrien a longtemps profité de sa révolte contre le régime du président Bachar al-Assad pour lutter conter les « terroristes« . Une opinion partagée par Omar al-Khani, un des organisateurs de la manifestation à Damas : « Le gouvernement va cesser les tirs, mais il ne va pas cesser les arrestations et il ne va pas cesser de torturer ses prisonniers« . « Nous savons que nous ne pouvons pas faire confiance à ce régime, c’est sûr. »
Par ailleurs, il semblerait que le gouvernement syrien ait mis en place des points de contrôle dans toutes les villes du pays, pour décourager et étouffer les manifestations. Une information presque confirmer par une déclaration du ministère syrien de la Défense que la Syrian Arab News Agency a révélé. En réalité, le gouvernement syrien se serait plier au cessez-le-feu car il serait parvenu grâce à l’offensive menée, ces dernières semaines, contre l’opposition, à écraser la révolte. De ce fait, le gouvernement peut se permettre d’arrêter les combats, en ce jeudi.
La décision d’observer le cessez-le-feu a ainsi été prise après que les forces de sécurité syriennes « aient effectué des missions réussies dans la lutte contre les actes criminels menés par des groupes armés terroristes« , explique la Syrian Arab News Agency.
Néanmoins, Annan, dans une récente déclaration qu’il avait reçu une lettre du ministre des Affaires étrangères syrien l’informant de la décision de son gouvernement. M. Annan a, ensuite, indiqué qu’il continuerait à travailler avec le gouvernement syrien et l’opposition pour « veiller à la mise en œuvre » de son plan en six points, « y compris sur le plein respect de l’article 2« , article qui demande la supervision de l’ONU lors d’un cessez-le-feu. Notons que la Syrie a fait l’objet d’intenses pressions internationales pour se conformer au plan de paix de M.Annan, non seulement par les puissances occidentales comme les États-Unis, mais aussi par ses alliés, comme la Russie, la Chine et l’Iran. Mercredi, M. Annan avait, en effet, rencontré les dirigeants iraniens à Téhéran pour les inciter à mettre la pression sur Damas.
« L’Iran, étant donné ses relations privilégiées avec la Syrie, peut faire partie de la solution », a déclaré M. Annan lors d’une conférence, exprimant ensuite son optimisme pour un cessez-le-feu. « Si tout le monde le respecte, je pense qu’ à partir de 6 heures du matin, jeudi, nous allons voir de nettes améliorations des conditions sur le terrain. »
Parallèlement, le ministre Turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a prévu une vidéo-conférence, mercredi soir, pour discuter de la crise Syrienne avec ses homologues, présidée par la secrétaire d’État Hillary Rodham Clinton. Dans ses remarques d’ouverture de cette session de discussion, Mme Clinton a déclaré que les ministres « chercheraient des moyens pour parvenir, ensemble, à trouver un règlement pacifique. »
Malheureusement, à l’heure actuelle, les blindés de l’armée seraient toujours déployés dans certaines localités, ce qui constituerait une infraction au plan de paix.