Dimanche 8 juillet, des extraits de la négociation entre Mohamed Merah et les hommes du Raid, les 21 et 22 mars, avant l’assaut final dans lequel l’auteur des tueries de Montauban et Toulouse a trouvé la mort, ont été diffusés par TF1, dans son émission « Sept à Huit ».
Depuis, une polémique fait rage … TF1 devait-il diffuser ces enregistrements à la télévision ?
Mohamed Merah : TF1 devait-il diffuser les enregistrements des négociations ?
Dimanche, lors de son émission hebdomadaire « Sept à Huit », TF1 a pris l’initiative de diffuser des extraits de la négociation qui a eu lieu entre Mohamed Merah, l’auteur des tuerie de Montauban et Toulouse, qui a fait 7 victimes, et le Raid, lorsque ce dernier s’était retranché chez lui. Après des heures à négocier, le Raid est intervenu … Mohamed Merah est mort. Une issue à laquelle le forcené s’était préparé d’après la partie de l’enregistrement qui a été diffusée.
« Je n’ai pas fait ça pour me laisser faire attraper, t’as vu. Là, on négocie, tu vois. Après, en dehors des négociations, n’oublie pas que j’ai les armes à la main, je sais ce qui va se passer, je sais comment vous opérez pour intervenir. Je sais que vous risquez de m’abattre, c’est un risque que je prends« , explique Merah, d’une voix calme. TF1 affirme disposer d’une bande de quatre heures et demie d’enregistrements.
Depuis, une polémique fait rage : TF1 devait-il diffuser cet enregistrement ? Pour la chaîne, c’est un « oui » franc et affirmé car les enregistrements entre Mohamed Merah et les policiers lors du siège de son appartement contenaient des « informations très importantes », a affirmé la directrice de l’information du groupe, Catherine Nayl, pour justifier leur diffusion.
Ces extraits contenaient « des informations très importantes sur la façon dont les hommes du Raid ont négocié », a-t-elle assuré. « Nous l’avons fait en conscience parfaite de ce que cela pouvait avoir comme valeur informative ».
« Je pense que ce document prouve que, jusqu’au bout du raid, les négociateurs ont essayé d’arrêter Mohamed Merah, et de l’arrêter vivant », a ajouté Catherine Nayl. « On comprend dans ce document aussi que Mohamed Merah, avec un sang-froid et une détermination absolus […], s’est construit un personnage ».
« Toutes ces informations, qui sont des informations nouvelles par rapport à l’affaire Merah, nous ont semblé importantes à diffuser. C’est pour cela que nous avons décidé de le faire. […] Nous sommes des journalistes, notre travail, c’est d’informer », a-t-elle insisté en concluant.
Alors si TF1 justifie cette diffusion comme un devoir pour l’information, son rôle de journaliste, l’incompréhension règne au sein des familles des victimes et de notre ministre de l’Intérieur, Manuel Valls. Dans un communiqué envoyé peu après la fin de l’émission, Manuel Valls « regrette » la diffusion de ces enregistrements.«
« Aucune précaution n’a été prise pour respecter les familles des victimes », déplore-t-il. « Un enregistrement des conversations a bien été réalisé par les services de police mais il n’a jamais été rendu public. Il convient donc de s’interroger sur les moyens par lesquels le diffuseur a pu se procurer ledit enregistrement. »
Du côté des familles des victimes, colère et incompréhension sont les sentiments qui leur viennent pour parler de cette diffusion.
« Cette diffusion est scandaleuse car elle donne la parole en dernier à Mohamed Merah, une parole mensongère et manipulatrice », estime l’avocat d’une des victimes, Me Patrick Klugman. « Le testament de Merah, ce sont ses crimes, pas ses paroles et nous ferons le nécessaire pour que cette diffusion ne se propage pas ».
« Les victimes sont scandalisées d’apprendre le contenu de ces négociations à la télévision. A ce rythme, ce sont les vidéos des tueries qui se retrouveront sur la toile et l’atteinte sera alors irrémédiable« , explique une autre avocate, Me Samia Maktouf. Un avocat d’une des victimes, Me Simon Cohen regrette que TF1 « n’ait pas prévenu les familles », « ne serait-ce que par humanité ».
Depuis, les familles des victimes ont choisi de saisir la justice pour obtenir l’interdiction de toute diffusion des enregistrements des conversations entre le tueur au scooter et la police, ont annoncé deux de leurs avocats. Une colère que l’on comprend et soutenue… l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a d’ailleurs été chargée de mener une enquête administrative sur la diffusion de ces enregistrements. Elle aura notamment pour but de vérifier si ces enregistrements ont été fournis par des policiers. Quant au parquet de Paris, il a également ouvert dès dimanche soir une enquête préliminaire pour violation du secret de l’instruction.
Que pensez-vous de cette diffusion ? TF1 avait-elle le droit de diffuser ces enregistrements au nom de l’information ?